Mais que faire ? Fermer l’atelier à un nombre limité de personnes ? Dommage tout de même, alors que visiblement il y’a un réel intérêt de la part des personnes qui ne viennent même qu’une seule fois. En même temps la tension du groupe s’en ressent, alors il faudra sans doute au moins trouver une salle plus grande.

Revenons sur les jeux. Aujourd’hui, petite nouveauté, le jeu du monstre, qui se joue en cercle. Chaque personne doit convaincre la personne à côté d’elle qu’il y’a un monstre terrifiant, description à l’appui, derrière elle. Cette personne évidemment ne la croit pas, jusqu’à ce qu’à court d’arguments, elle se retourne, voit le monstre, hurle et tente de prévenir à son tour la personne suivante. C’est un bon exercice pour développer l’improvisation parlée et rentrer dans le jeu corporel, même s’il n’est pas facile.

Plus difficile, un jeu à deux. Une main paume contre paume, une personne dirige une autre, en maintenant le contact visuel. Qu’il est dur de se regarder dans les yeux ! On n’a tellement pas l’habitude de nouer des relations ainsi, au quotidien. On ne se touche pas, on ne se regarde pas, alors quand ça arrive, on a presque l’impression de faire quelque chose d’interdit... C’était intéressant d’entendre certain.es dire qu’il leur avait été plus facile d’être dirigé plutôt que de mener le jeu. C’était plus facile de ne pas penser et de laisser l’autre guider, plutôt que de se sentir dans une position de responsabilité,de devoir créer, agir.


Enfin, le contre personnage. Je dois dire que j’ai du être assez mauvaise sur ce coup-là, parce que pendant mes explications et durant toute la phase de construction, plus de la moitié du groupe me re-demandait des précisions et me regardait avec des yeux ronds ! Bon, ça arrive, je vais donc tenter de ré-expliquer par écrit. En duo, chaque personne choisit 1, 2, 3 mots qui lui semblent justes pour se définir. Couleur, adjectif, animal, peu importe. A partir des impressions que lui font ces mots, la deuxième personne fait une image en sculptant le corps de la première personne. On a ainsi mis en image concrète, donné corps aux mots que la personne a donné d’elle-même, mais on travaille sur le ressenti de l’autre, ce qui permet de mettre à distance ses propres jugements, sans rester collé aux impressions personnelles. Une fois que chacun possède une sculpture, la deuxième personne reprend la sculpture qu’elle a faite en inversant tous les caractères. Un corps timide, renfermé, solitaire, devient un corps combatif, sûr de lui et sociable par exemple. On met ces personnages en mouvement dans l’espace, en essayant de créer leur démarche, la façon dont ils bougent, regardent les autres et se disent bonjour.


Bref, cette étape n’a vraiment pas été facile ! Mais nous y sommes arrivés, et la dernière partie était vraiment très chouette, puisque nous avons formé des groupes pour improviser sur la base des contre-personnages que l’on venait de créer.

Dans la première, un homme et son enfant venait libérer sa femme de prison en volant les clés du gardien pour l’enfermer dans la cellule à son tour. Dans la deuxième, une pimbèche arrivait à « une soirée de ploucs », tentait de trainer le grand timide de service sur la piste, puis se rattrapait sur un autre, qui hélas, dansait déjà avec une autre demoiselle, pas prête à se laisser « voler son mec « comme ça...

Dans la troisième, un chauffeur de bus acariâtre assistait à une prise de bec entre deux bonnes femmes plutôt agressives, tandis qu’un contrôleur excessivement gentil tentait d’arrondir les angles. Enfin, le Fürher en personne hurlait pour motiver ses troupes que les anglais débarquaient, troupes de soldats et d’officiers on ne peut plus flegmatiques, mous et relax...


Le travail sur le contre-personnage avait permis de mieux préparer les corps, la tension du jeu était plus forte, les personnages plus différenciés dans leurs postures, leurs attitudes, leurs nuances. Malgré mes cafouillages, on s’en est bien sorti !

Pins, 08/02/2012