Fabulage

Ce spectacle se compose de textes issus, le plus souvent, de la tradition orale des “conteurs” populaires italiens, ou “jongleurs”. Ces histoires trouvent leurs origines dans la tradition des “mystères” religieux médiévaux, spectacles populaires sacrés qui rassemblaient toutes les corporations des métiers.
Ces mystères du Moyen-Age, encadrés par le clergé, se déroulent d’abord dans les églises. Les messes peuvent être de véritables spectacles, avec chants et danses des officiants, des reconstitutions de scènes bibliques, et tout un arsenal scénographique.
Dans un premier temps, devant les dérapages et les impertinences des intervenants, les pouvoirs épiscopaux rejettent ces manifestations populaires sur leur parvis, premier pas vers une interdiction du genre théâtral et l’excommunication des comédiens.
Les anecdotes fourmillent sur l’impertinence dionysiaque du peuple.
Celle de la scène finale de la Passion, pendant laquelle le Christ en croix prononce ses dernières paroles : “j’ai soif”. Un des figurants jouant le rôle d’un des deux larrons improvise une réplique qui n’est pas “dans le texte” : “Moi aussi”, provoquant l’hilarité générale.
Ou encore ces mercredis des cendres qui dégénéraient en bagarres pendant lesquelles les fidèles présents essayaient de se barbouiller à qui mieux mieux le visage de cendres.
(Histoire du rire et de la dérision, Georges Minois - Fayard - 2000)
Le théâtre et la dérision, l’art des bouffons et des jongleurs sont aussi constitutifs des révoltes populaires.
Les fables, paraboles et autres histoires bibliques sont littéralement détournées. De toute façon, dans l’univers fantastique de l’Ancien ou du Nouveau Testament, tout peut bien arriver.
Ces épisodes de l’histoire médiévale sont censurés dans les programmes scolaires. Et ils ne sont souvent connus qu’à travers les relations des faits relatifs à leurs condamnations.
Ce sont les peuples qui font l’histoire, mais ce sont les riches qui l’écrivent.

Les fables de “La naissance du Jongleur”, “La naissance du Vilain”, “Le sacrifice d’Isaac”, “La résurrection de Lazare”, “Le massacre des innocents”, etc. se déroulent en un temps où “le monde était tout proche du ciel” et où on voyait Dieu qui sortait la tête du ciel, “avec sa grande barbe, appuyé des coudes sur un gros nuage, comme s’il était à une fenêtre”.

Dans cet univers, les anges croisent les hommes, Dieu joue aux dés avec le diable, les miracles fleurissent, vilains et seigneurs s’affrontent, et Jésus s’y balade avec ses apôtres. De ce monde “merveilleux” surgit le bon sens populaire, rappel du réel, qui démystifie ainsi les hiérarchies célestes et les représentants sur terre du droit divin : princes, seigneurs, patrons. Passé et présent y sont mêlés, les temps bibliques, l’époque médiévale et l’ère contemporaine se croisent dans des anachronismes dont le rôle est de démontrer la continuité de la lutte entre exploités et exploiteurs à travers les siècles.
Les textes sont extraits de “Mistero Buffo” et de “Histoire du tigre et autres histoires” de Dario Fo, prix Nobel de littérature.

Dans ce spectacle, les “jongleurs” ou les “conteurs” sont toujours seuls en scène et jouent tous les rôles de leurs histoires. Cette particularité permet de décliner le spectacle sous deux formes, “menu complet” ou “à la carte”. En effet, chaque histoire se suffit à elle-même et il est possible d’en choisir certaines adaptées à des circonstances particulières : dans une classe, sur un petit podium ou sur quelques tréteaux.

C’est un spectacle basé sur l’acteur, la scénographie y est réduite au strict minimum et il est possible de jouer ces histoires partout, quelques mètres carrés suffisent aux comédiens. Ce spectacle s’adresse à tous les publics à partir de 15 ans.
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