Le monde est aujourd’hui raconté par les langages, les signes et les symboles d’une culture dominante de l’économie et de la finance toutes entières fondées sur la logique capitaliste. Une alter-culture doit pouvoir créer un autre récit du présent et du futur, fondé sur d’autres logiques et d‘autres priorités. Les études, recherches, propositions, les déclarations et actions, etc., sont nombreuses qui tentent d’inverser la course à la mort où nous conduisent les logiques dominantes actuelles.

Les FSM qui se sont succédé ont inventé des pratiques qui divergent fondamentalement du système dominant. Mais elles manquent d’un appui, essentiel, qui les inscrive dans ce « récit » différent du monde. Les combats de nature culturelle sont éclatés et s’épuisent dans des luttes éphémères – et par nécessité, souvent locales- et dans d’absurdes justifications de l’efficience comptable ou sociale des démarches culturelles prenant en compte les drames sociaux et les dérives des sociétés.

Ce qui touche à l’invention culturelle peine en effet à se rassembler sur d’autres pratiques et d’autres valeurs que celles que lui imposent implicitement la mécanique de sa marchandisation presque totale. Ce ne sont cependant pas les pratiques et les démarches en « rupture » qui manquent dans le monde, appuyant voire précédant des luttes pour la justice ou la vie. En Belgique, depuis plus de 40 ans le théâtre-action se bat pour appeler à ce changement fondamental. Mais malgré les réseaux qui se tissent, toutes ces démarches restent marginales, forcées à des combats éclatés.

Le FSM qui se tiendra à Tunis en mars devrait permettre de faire le point de ces démarches, de tenter d’en tirer les lignes de force et les fondements communs, de créer un réseau de reconnaissance mutuelle, et de penser autrement le rôle de la culture – ou des cultures- dans les revendications et la lutte alter-mondialistes.
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