Une vidéo des zombies et de la manifestation.

Nous rejoignons la manifestation des Indignés avec cinq Zombies, des revenants de l’enfer sur terre.

Une gamine, à la face rongée et ensanglantée, la bouche ravagée grignote un hamburger dégoulinant de ketchup. Un jeune encagoulé blessé à la tempe. Un ouvrier du nucléaire irradié. Un ouvrier d’Arcelor Metal, brûlé au visage, couleur cendre, les yeux hallucinés. Un militaire plus qu’amoché, à la mine patibulaire, une prothèse au bout du bras droit.

Nos zombies se glissent au milieu d’un flot coloré. Le jaune des soleils, de vrais grands beaux tournesols brandis comme des revendications, le rouge des nez de clown, des drapeaux, l’or des couronnes et des calicots peints, des pancartes colorées.

La fête à la vie sous le soleil de l’été indien. Musique, chants, sifflements et vacarme face à la Bourse. Dans ce joyeux cortège, beaucoup de jeunes habillés et maquillés en clowns, certains distribuent des billets de banque. Notre zombie métallo en reçoit un et le mange. Nos morts-vivants attirent les regards qui s’attardent, incrédules.
Ils sont la cible des photographes. Ils répondent même à des interviews.
Nous dépassons un cercueil “LA MORT DU CAPITALISME”, des têtes couronnées, une femme poussée dans un caddy, porte l’inscription “JE NE SUIS PAS UNE MARCHANDISE”.

Les photos de nos Zombies en pleine indignation.

Des femmes encore avec de grands calicots “LE TRAVAIL DOMESTIQUE DES FEMMES NE CONNAÎT PAS LA CRISE”
“LE PATRIARCAT OPPRIME LES FEMMES DEPUIS TOUJOURS
LE CAPITALISME NOUS ETRANGLE
LA DETTE NOUS BRISE”
Les Espagnoles revendiquent “CON EL TRABAJO GRATUITO DE LOS MUJERES”
Une femme africaine crie “Droits pour tous”
Des hommes et des femmes, portent des inscriptions “Indignés de tant de résignés”, “People rise up - Peuples levez-vous”, “ Pour une Europe des citoyens, pas des banques”, “This is no democracy”, “Smile every day” , “Change the world”.

Des manifestants grimpent sur les marches de la Bourse et étalent en grand et en couleurs “Contre la dictature agro-industrielle Pour l’émancipation des Peuples par la Souveraineté Alimentaire”
Un véhicule nous dépasse, avec les inscriptions “L’utopie n’est pas l’irréalisable, c’est l’irréalisé”.

Sur le sol d’un trottoir, quelqu’un a écrit à la craie “ C’est nous le pouvoir”.
Nous n’avons pas vu de délégations syndicales, ni de partis politiques, seuls quelques slogans “Unifions la résistance contre l’austérité” appelaient à un rassemblement organisé.

Une manifestation bon enfant, gaie, mais très encadrée par la police. En quittant la capitale, nous avons été déviés vers le centre, tunnels bloqués, nous croisons des camions de policiers, ils contiennent aussi des manifestants, bras derrière le dos. Nous voyons aussi les chevaux de frise repliés, ces barricades métalliques, près des endroits stratégiques comme le gouvernement fédéral et le ministère des finances. Sur la façade du Finance Center, on peut lire un tag tout récent “ Money kills”.

Nous quittons une Bruxelles embouteillée et hurlante de sirènes, avec à l’arrière du véhicule les zombies fatigués, toujours dégoulinants de sang, qui se tassent discrètement lorsque nous croisons les représentants de l’ordre.
Nous roulons sur l’A8 qui traverse la campagne, le soleil couchant illumine l’ouest de rose, d’orange en passant par le bleu vert d’eau.

Les photos de la manifestation.

Sur notre site :
A propos des Indignés : La tectonique des plaques
A propos des zombies : 2011 - L’année zombie ? Edito janvier 2011