Jeunesse en éveil crée des spectacles où se mêlent la danse traditionnelle et le théâtre. Félix, Aymar, Brunel, et les autres se rendent également dans les villages pour sensibiliser aux questions telles que l’eau potable. Sujet sensible, lorsqu’à Pointe Noire on voit passer des camions citernes estampillés “eau potable” qui sont la propriété de Total, implantée à Pointe Noire depuis 1968.
Difficile de retenir sa colère lorsque l’on voit les conditions de vie des habitants, comparées à celles des “expatriés”. On nous a par exemple décrit la scolarité dans les écoles publiques, où les élèves sont en moyenne cent par classe. Durant notre séjour, les enseignants du public étaient en grève pour protester contre la non augmentation de leurs salaires, alors que ceux des militaires l’ont été.
Nous avons eu l’occasion aussi d’animer des ateliers dans un centre culturel financé par...Total. Pour se donner bonne conscience, la firme paye les infrastructures, les salaires pendant trois ans puis s’en va. La gestion est alors laissée à la mairie du quartier, sachant qu’elle a très peu de moyens.. Outre la question du pétrole, celle de la déforestation nous a marqués. Entre Pointe Noire et Dolisie, nous voyons souvent passer des troncs d’arbres coupés. La forêt de Mayombe, une des plus grandes d’Afrique, laisse entrevoir ses plaies ouvertes.
S’il on ajoute l’omniprésence de l’Eglise, et de toutes ses branches qui s’y bousculent (Pentecôtistes, Eglise du Cèdre et autres sectes), cela fait un beau cocktail de contradictions et d’injustices.
Le Pique-Nique et Quelques épisodes de la vie de Jésus au milieu de ces réalités
La thématique du spectacle Le Pique-Nique, le réchauffement climatique et ses conséquences, est donc importante ici. Partout où il a été joué, à cinq reprises, le public fut généreux et accueillant. Sous la moiteur congolaise, le spectacle clownesque a fait résonner les applaudissements. Nous avons aussi eu l’occasion de jouer notre spectacle qui décrit les miracles de Jésus transposés à notre époque. La groupie exaltée qui hurle “Jésus !” a bien fait rires les bouches pieuses. Enfin, les ateliers avec les élèves d’une école ont permis à travers les improvisations, de créer dans le plaisir, et de s’exprimer (inconsciemment) sur leur quotidien : la famille, sa hiérarchie, la violence en son sein...
Belle et forte aventure...