Une aventure prometteuse avec une femme et quatre hommes de 24 à 33 ans. Comédien(ne)s entraînés, ils ont acquis leur formation à El Teatro, un théâtre en résistance déjà bien avant 2011.
Amira, Amar, Osman, Walid, Zied ont la “niak”, ils forment un groupe soudé, créatif, délirant parfois. Ils pratiquent la danse théâtre, ça bouge bien.
Ils ont participé à “la révolution”, faisaient partie des opposants, actifs dans le syndicat des étudiants. Ils participent tous à l’association Ados + qui mène des projets avec les jeunes, organise des ateliers théâtre et un festival, autour de la citoyenneté, de l’apprentissage de la démocratie.
Croquemitaine sera à Tunis en avril, avec un groupe de jeunes mouscronnois, dans le cadre du festival Ado+ (cfr p. 2 ; un atelier à Mouscron).

Pas facile, en Tunisie non plus, de vivre de son art. Les comédiens, les danseurs, les cinéastes exercent tous un autre métier. Amira est psychologue et prof à la faculté des sciences humaines. Amar, prof de russe en chômage, fait des piges dans des tournage télé et dans des spectacles de danses.
Osman est étudiant en médecine. Walid, prof de science dans plusieurs lycées, anime aussi des ateliers théâtre à Ados+.
Zied travaille comme informaticien. Tous participent à un atelier hebdomadaire animé par un formateur de El Theatro. Ils participent régulièrement aux créations de El Theatro, ils jouent dans “L’isoloir”, spectacle sur les élections qui continue ses représentations. En collaboration avec El Theatro. Walid vient de mettre en scène “Vague inquiétude”, un solo avec Amar comme acteur ; le parcours d’un chômeur diplômé, drôle, visuel.

Notre création commune est axée autour de trois moments : avant janvier 2011, 14 janvier 2011, l’après 2011. Nous travaillons sur les images, les corps en mouvement, les passages rapides ; la peur, la censure, le désintérêt du politique, l’activité des opposants, les pratiques mafieuses de la famille au pouvoir.
La révolution charrie son lot d’images : manif, jets de pierre, lacrymogènes, slogans, fuites, blessés, martyrs, sniper, policiers appelés à rejoindre les manifestants, discours du président, les “dégage” scandés de plus en plus fort. L’euphorie à l’annonce du départ du dictateur...
Les comités populaires de quartier s’organisent pour se protéger des attaques des partisans de l’ancien régime. Tout le monde dehors malgré le froid et le couvre-feu, les hommes armés de bâtons arrêtent les voitures, contrôlent les entrées dans le quartier.
La télé diffuse les infos en continu. Les femmes assurent le ravitaillement. On allume un feu, on chante, on danse.
Et maintenant ? Où en est la révolution ? Beaucoup sont déçus, ont peur de l’avenir...
La lutte continue. Plusieurs milliers de personnes manifestaient ce samedi 25 février en soutien au syndicat UGT et à la grève des éboueurs.

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