J’avais envie de finir sur quelque chose de drôle, des jeux sans contraintes, libérateurs, un vrai défouloir avant une longue pause.

Deux personnes étaient là pour la première fois, mais l’ensemble du groupe connait si bien l’échauffement maintenant qu’il n’y a pas même pas eu besoin d’expliquer les règles : les « nouveaux » n’ont eu qu’à se laisser emporter par le flot !

Après plusieurs séances, les évolutions chez certaines personnes sont flagrantes. Une personne en particulier, très émotive, sans arrêt au bord des larmes, souvent en perte d’équilibre, à qui il arrivait fréquemment de stopper net en plein milieu d’une action, fait preuve de plus en plus d’initiative, d’endurance, de volonté, d’humour et de créativité. C’est un véritable plaisir d’être témoin de changements aussi rapides, et de voir l’investissement de la personne grandir à mesure qu’elle prend conscience de ses propres capacités.

Un plaisir aussi, de voir les gens se lever pour jouer sans même plus réfléchir, se lancer dans des impros, se mettre dans des situations sans hésitation. Si l’on continue d’en parler, à la fin, la question du ridicule ne se pose plus comme un frein, mais semble globalement avoir été accepté, puis dépassé. La plupart des personnes assument visiblement de partager la part de folie « socialement acceptable » que chacun cache la plupart du temps, offrant ainsi au groupe une belle dynamique collective.

A partir de plusieurs thèmes proposés, trois groupes se sont formés pour jouer une scène improvisée. Parmi ces thèmes, la cruauté, l’enfance, la mer, le plaisir, la réussite, la crise, Noël, la folie ou la Belle au Bois Dormant. Nous avons ainsi vu un pêcheur fou essayer d’attraper un requin, pendant qu’un bateau de Greenpeace tentait d’empêcher le braconnage. Un maitre nageur accourant à la rescousse d’une Pamela Anderson en train de se noyer, tandis qu’un vendeur de glace et un vacancier regardaient sans trop savoir quoi faire. Et une patiente en pleine crise, maîtrisée par un docteur et une infirmière, attachée après une injection digne d’un cartoon étant donné la taille de la seringue, avant d’être mise en isolement !

On joue, et on rit beaucoup, mais des choses très importantes se disent. Les souffrances s’expriment de façon détournée, et trouvent un espace pour être mises à distance, par d’autres moyens que la parole ou l’intellect. On explore nos rapports à l’autre, nos limites, on apprend à donner sa confiance. Peu à peu, les jugements liés à nos éducations s’amenuisent ; et nous nous laissons apparaître, dans la beauté de notre folie ordinaire...

Pins, 14/12