A Namur : La Procession du veau d’or !

C’est le coeur vaillant que nous avons rejoint la manifestation organisée par l’asbl Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté (RWLP) et Réseau pour une Justice Fiscale (RJF).
Au 12 rue Marie Henriette, le lieu du départ de la manifestation, une dizaine de bénévoles sont déjà là et s’activent à garnir des tartines pour la soirée.

Petit à petit, des associations de lutte contre l’exclusion, des mouvements unis par les mêmes revendications, des personnes en situation de pauvreté, des jeunes, des vieux, 2 enfants (ils n’ont pas la chance d’aller à l’école. Pour cause, ils sont Roms et vivent dans leur voiture), des compagnies de théâtre action viennent grossir le cortège. Nous sommes une grosse centaine.
L’ambiance est chaude. Nous enfilons nos costumes d’hommes d’affaires, de requins de la finance. D’autres, des costumes de fantôme distribués par le RJF, avec l’inscription “Ne laissez pas s’échapper les grosses fortunes”.
Les leadeuses de la manif chauffent les manifestants avec quelques slogans. Nous sortons notre Veau d’Or. Nous nous organisons au mieux pour former ensemble l’image de la procession...
Ça y est, c’est parti ! En tête, nos personnages de nantis rythment la marche à coup de grosse caisse. Le Veau d’Or nous suit, porté par des manifestants venus de Charleroi pour l’occasion.
Au programme, un itinéraire ponctué d’interventions à des points stratégiques : Le Forem, les banques, la Maison Communale, le Palais de Justice.
Le Théâtre des Travaux et des Jours (TTJ) intervient sur la dégressivité du chômage et ses conséquences sur les CPAS, de la situation des jeunes en stage d’attente, sur la qualité de l’emploi.
Tandis qu’un homme d’affaire magicien allume son cigare avec un billet de 50€, la manifestation reprend la route, ou plutôt, la rue, traverse la gare, envahit les escalators… Nos slogans provocateurs surprennent autant le public que les manifestants.
Un grand moment au siège de BNP Paribas Fortis où tous les “pauvres” doivent plier l’échine pour passer sous les barrières, à l’entrée et à la sortie du palais de l’argent. Notre Veau d’Or trouve une place magnifique sur le perron.
Puis devant le Palais de Justice, avec un autre sketch du TTJ sur la justice à deux vitesses et enfin, Place de l’Ange où nous stoppons au pied d’un ange tout en or ! Prosternation, adoration… Notre Veau se régale d’autant plus qu’à quelques mètres se trouve l’Hôtel de Ville, serré entre la Deutsche Bank et Ethias ! Y’a pas à dire, à Namur, les vrais adorateurs du Veau d’Or ont pignon sur rue. La bonne humeur était au rendez-vous, nous avons gagné le pari de faire entendre notre contestation par le rire et d’y prendre du plaisir.
A Namur et partout dans le monde, ce 17 octobre, des gens ont crié qu’ils en avaient marre, que tout le monde a droit à une vie belle.

L’action à Namur dans les médias :

A Tournai, La vente de viandes d’enfants de pauvres

Nous avons quitté Namur vers 16h30 et repris l’autoroute direction Tournai. Toujours dans le cadre de la journée du refus de la misère, nous avions rendez-vous à 19h00 pour présenter notre vente de viande d’enfants de pauvres.
Organisée par les Equipes Populaires et ATD Quart Monde, cette soirée avait pour but de rassembler le public pour un café citoyen. Un moment de débat, de prise de parole sur LE sujet de cette journée, la misère et la pauvreté. Notre animation s’est déroulée en deux temps dans le hall d’accueil des locaux du MOC-CSC. Pendant le premier quart d’heure nous accueillions les gens par des petits mots de bienvenue et une petite dégustation de boudin blanc, tomate cerise. Hôtesses, petit personnel avec tablier et chapeau de boucher s’affairaient pour que personne ne manque de rien. Le deuxième quart d’heure, le côté trash de l’animation commence avec la prise de parole de notre manager. “Mesdames, Messieurs bienvenue. La chaîne de nos magasins TATV, Tout Acheter, Tout Vendre, est heureuse de vous présenter son concept révolutionnaire. Une idée qui va résoudre la faim dans le monde et éradiquer la misère. Pour rendre les enfants de pauvres enfin utiles, mangeons-les !”
A ce moment, le rideau tombe et l’on aperçoit sur une table un nouveau-né qui gît sur un plateau, tout droit sorti du four. L’aspect réaliste est renforcé par des morceaux de vraie viande, le tout décoré de persil. Quelques affiches font la promotion de divers morceaux de choix, Une bande son et une musique de supermarché rythme l’ambiance… Oui ! C’est trash !

Certaines personnes sont choquées. “Il ne faut pas montrer cela” nous disent-elles. Difficile de faire comprendre le deuxième degré de notre histoire. Cela ne les empêche pas de reprendre un petit morceau de boudin chez nos hôtesses d’accueil. Une autre encore, commence à nous insulter, elle s’approche du stand et arrache les affiches. Nous essayons de la calmer, en vain… D’autres rient et trouvent que ce n’est pas exagéré. En tout cas nous n’avons laissé personne indifférent.
Vers 19h45 notre joyeux bordel se termine et, tout en étant remerciés pour notre prestation, nous sommes invités à prendre la parole en début de séance pour nous présenter.

Nous remercions le public et terminons sur ces mots, inscrits sur les tracts que nous avons distribué pendant l’animation :
Vous trouvez qu’on exagère ???
Nos corps, des marchandises !
Les vendre en pièces détachées devient aussi banal que de vendre sa voiture.
En novembre dernier, une femme espagnole met en vente plusieurs de ses organes (rein, poumon,...) pour nourrir sa fille.
En France, un homme de 43 ans propose un rein en échange d’un emploi.
Ces évènements, relayés comme des informations insolites, passent vite à la trappe.
Alors que cela démontre l’état d’urgence sociale dans lequel nous sommes empêtrés.

En sortant nous croisons notre Bourgmestre qui arrive en retard pour entendre et s’occuper de la misère à Tournai. Du pain sur la planche ! Dommage qu’il n’ait pas pu goûter notre délicieux boudin d’enfants à la Rotschild… L’année prochaine peut-être sauf si la misère n’existe plus...

Un bébé retrouvé dans une poubelle, du sang à vendre, ou une virginité, des organes.... Le capitalisme est capable de tout vendre, tout acheter... Tout jeter !

Le corps n’est pas une marchandise