Cet hiver déjà, au Wisconsin (USA), les citoyens avaient investi le parlement pour contrer un plan d’austérité et une législation anti-syndicale de leur gouverneur républicain. Le mouvement s’était étendu au Michigan et en Indiana. Vous n’en avez quasi pas entendu parler dans les médias. Il est des exemples à ne pas donner...
Cette fin de printemps, en Europe, des citoyens investissent à leur tour des lieux publiques
pour crier leur raz-le-bol , un “ya basta” d’abord espagnol, qui trouve vite écho autour de la Méditerranée, puis essaime dans d’autres pays dont la Belgique et la France. Ce qui apparaît encore comme un frémissement pourrait bien être la première phase d’un processus bien plus ample. Cette première étape européenne semble surtout consister dans la rédaction des “cahiers de doléances” d’une révolution qui cherche son chemin. Ces prémisses révèlent aussi les formes et les contenus, encore embryonnaires, de l’embrasement qui se prépare. Aux avant postes de ces mouvements, on trouve la jeunesse. Si l’on reste dans le monde tel qu’il est aujourd’hui, elle a la certitude d’un avenir glauque :
un monde poubelle, avec comme devise “chacun pour soi et dur pour tous”. Ces jeunes sont indignés de leurs conditions de chômeurs, avec comme horizon une place de serveur chez MacDo, et ceci alors qu’ils sont souvent diplômés. Indignés aussi de recevoir en héritage les “restes” des ressources de la planète et les décharges des générations précédentes. Cette génération, familière d’Internet, l’a utilisé pour organiser les premières mobilisations. Dans certains pays, celles-ci sont soutenues par de nombreuses couches de la population. Malgré le quasi silence médiatique, la contagion s’étend et le caractère international de cette vague révolutionnaire s’affirme de plus en plus. Dans cette “révolution” à venir s’affirme une volonté de démocratie directe accompagnée d’un rejet de la démocratie formelle, domaine réservé des politiciens “professionnels” et des partis politiques. Dans ces révolutions sans leader les syndicats, également discrédités, sont aussi critiqués et débordés. Le système de “démocratie parlementaire” est dénoncé, il favorise la corruption, sa collusion avec les milieux économiques est flagrante. L’incapacité des gouvernants à s’affranchir des préconisations de l’Union européenne, du FMI, leur impuissance à contrôler les forces économiques désormais mondialisées sont au cœur des débats. Les conséquences de la crise économique (provoquée par les banques... les banqsters) supportées surtout par les catégories les plus fragiles, alors que les profits explosent à nouveau, conduisent à la critique du système économique lui-même. A la différence des pays arabes, dont l’unité des manifestants est cimentée par une revendication centrale exigeant le départ de dictateurs (“dégage !”), les mouvements européens peinent encore à trouver un mot d’ordre unificateur. Jusqu’à présent, les moyens d’action des “indignés” sont “pacifiques”. L’usage de la violence est de la seule responsabilité des pouvoirs en place. Toutefois la guerre en Libye, les massacres en Syrie et au Yémen, la répression à Bahrein rappellent que la révolution n’est pas un “dîner de gala”. En Tunisie et en Egypte, on a vite oublié les morts, plusieurs centaines en Tunisie, plus d’un millier en Egypte. Dans ces deux pays,
des voix s’élèvent pour appeler à une deuxième révolution.

Progressistes et conservateurs s’affrontent et ce sont les seuls rapports de forces qui imposeront la victoire d’un camp sur l’autre. Une dynamique de révolution permanente cherche sa voie... La longue course conservatrice du pendule de l’histoire, inaugurée par les années “Reagan-Tatcher”, a-t-elle déjà commencé à s’inverser ? Les révolutions arabes et les luttes des “indignés” en Europe en sont-elles le présage ? Décidément “la fin de l’Histoire” n’est pas pour demain. .

Voir aussi "Tunisie, théâtre de la révolution"

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