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Je suis une personne consciencieuse. Quand je me lève à 7 h du mat’ et que je fais une heure de train, je ne me tourne pas les pouces. Et je suis encore moins du genre à me lamenter sur mon sort. Même si là franchement, y’avait de quoi ! J’avais moi-même pris l’initiative de faire une pause (vous l’aurez remarqué, un bon mois sans nouvelles) en attendant d’être sûre que le groupe règlait sa popote interne : si on décide de faire du théâtre, et ben on s’investit vraiment.

Une nouvelle recrue, Josette, qui s’ennuyait ferme à la maison et à qui l’idée de faire du théâtre n’avait pas déplu nous rejoignait ce jour-là. Avec elle, nous étions 5. Et quid des quatre, voire cinq autres personnes qui avaient confirmé leur motivation une fois de plus ?
Alors nous avons discuté priorité. De remplissage ou de passion, des choses que nous cherchions pour combler notre ennui, ou de ces moments qui peuvent devenir beaucoup plus de par un plaisir à chaque fois renouvelé.

Et puis un moment, on a arrêté de parler. On a donné sa chance à cet espace magique qui nous rassemble quelles que soient nos différences. On s’est mis en cercle. Malgré tout, l’humeur était bon enfant, nous avions le sourire aux lèvres, et le rire prêt à surgir à la moindre occasion.

On s’est secoué en faisant des “aaaaaa” et des “ooooooo”, en parlant de nos corps qui se figent à mesure que le temps passe, de nos vertèbres cervicales auxquelles on doit toujours penser pour ne pas les écraser, des os de notre bassin qui se soudaient si on n’y prenait garde. Et puis, on est rentré dans le mime.
Sans le dire, puisque chacune était dans son espace et ne devait pas communiquer, les corps se sont mis à parler. Christine retrouvait quelqu’un qu’elle n’avait pas vu depuis longtemps, Maria voyait un oiseau (ou bien, était-ce un sanglier ?!), Sonia se balladait dans la nature et Josette était au marché.

Pour la première improvisation, j’avais fixé quelques consignes, pour déblayer le terrain : choisir un lieu, une relation entre les personnages, et qu’il y soit question d’une naissance, d’un mariage et d’un enterrement. En 3 minutes, elles avaient préparé leur scénario et étaient prêtes à jouer ! Et je peux vous assurer que c’était que’que chose, leurs histoires ! Avec une aisance et un naturel à faire pâlir plus d’un professionnel du spectacle, mes quatre copines se sont lancées dans des improvisations pas possibles à mourir de rire, qui mélangeaient des mots de patois local à des faits réels... bref, j’étais estomaquée.

En essayant de repérer les thèmes les plus fréquents, nous en avons délimité trois : la maternité (le rapport aux enfants, à l’éducation, à la féminité, à sa propre autonomie, le choix de ne pas en avoir...), le mariage (la tradition, l’amour, le couple, les symboles, la religion...), et la mort (la vieillesse, la disparition des proches, l’angoisse liée à son propre départ...).

Après avoir discuté, nous avons choisi de traiter en premier du rapport aux enfants. Notre petit groupe avait envie de proposer également une réflexion, en posant des questions, en bousculant des idées reçues, en portant sur la scène des débats d’actualité.

C’est ainsi que nous avons posé quatre personnages de femmes : la première ne veut pas d’enfants pour des raisons d’indépendance ; la deuxième est enceinte de son cinquième ; la troisième n’en veut qu’un mais veut l’élever seule et a demandé à un de ses amis de la féconder parce qu’il est ingénieur (“sexfrind’z” quoi !), et la dernière est une lesbienne qui veut une insémination artificielle ! A quoi sont venus s’ajouter les points de vue de l’Eglise sur l’homosexualité, la possibilité pour deux personnes d’un même genre à éduquer un enfant, les jugements moraux sur la sexualité décomplexée, la liberté des femmes à jouir de leurs corps...

Quand je vous dis que ça dépote !
La meilleure nouvelle, c’est qu’elles présenteront l’étape de travail auxquelles elles seront parvenues à la Fête des ateliers du Croq’ le 25 juin... youpi !

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